Heidi au Printemps vient de sortir !
C’est ma toute première bande dessinée, alors j’ai le droit d’en parler encore quelque jours… Et je me suis dit que ça serait chouette de raconter la création d’une BD, en revenant sur la création de Heidi !
Et le 25 avril, Bam, je poste les tout premiers dessins de Heidi sur instagram :
À cette période, je bloque un peu sur un projet que je ne sais pas comment commencer. Alors je continue de développer ce nouveau personnage d’une Heidi ado, d’abord avec de petites illustrations :
Tout en dessinant, je commence à imaginer des caractères, des enjeux, des histoires. Alors, assez vite, j’en fais des planches.
Je les poste, et comme à l’époque, on laissait encore des commentaires sur les blogs, j’ai plein de retours positifs et je continue à fond les ballons. J’essaie de dessiner une page par jour.
J’encrais encore beaucoup à la main, et sans jamais m’attarder sur le crayonné. Le tout est un peu bancal, alors je fais beaucoup de coquetteries de mise en page pour cacher ça. Je n’avais également aucun problème moral avec l’utilisation de vieilles textures…
Malgré tout, c’est assez rigolo de voir que l’essence d’Heidi est déjà dans ces premières pages. L’histoire a beaucoup bougé, et pourtant, ces scènes se retrouvent presque telles quelles dans mon livre.
En une grosse semaine, j’avais déjà fixé les grands enjeux de Heidi au printemps.
Je lis les livres de Johanna Spyri, je commence une collection des différentes éditions, pour bien appréhender l’univers originel, et l’imaginaire associé aujourd’hui.
Je jette également un œil aux différentes adaptations, des plus fidèles (celle de Takahata et Myazaki, par exemple) aux plus audacieuses.
Heidi étant une figure vraiment très populaire, elle a déjà été énormément reprise. À vrai dire, dès la première publication en France, le traducteur s’était permis d’écrire sa propre suite, que l’on prend souvent pour le texte original. Heidi ado a cependant été assez peu imaginée, exception faite de Heidi 15 ans, une série live suisse qui se déroule dans les 2000’s.
Je continue à dessiner Heidi dans mes carnets, mais les mois qui suivent sont très chargés, j’emménage en Belgique et je commence à travailler pour de vrai comme illustratrice.
Le Dossier
Je redessine mes planches, même si les contours de l’histoire sont encore flous. Il s’agit surtout de montrer une ambiance, l’idée générale du projet.
Pour les plus curieux, voici le dossier que j’ai pris avec moi à Angoulême : Heidi2015 (Il n’y a pas vraiment de spoilers, mais je déconseille plutôt de le lire avant de lire ma BD)
(Dans mon carnet de bord de de l’époque 🙂
Le scénario
En rentrant, plus de blague, je reçois rapidement un contrat et je me mets au travail. J’achète un nouveau carnet, et cette fois ci, je le remplis de textes
L’écriture du scénario et le découpage ont été des étapes très douloureuses, j’y ai passé un temps fou. Scénariser une centaine de pages pour la première fois, c’était titanesque. Et beaucoup de choses ont bougé, j’ai essayé des nouvelles pistes, parfois très différentes, et j’en ai abandonné beaucoup.
Et puis, a un moment, j’ai eu un espèce de déclic, et j’ai su comment je voulais que mon histoire finisse. Mais même à partir de là, il faut organiser et réorganiser les étapes du récit, pour que le rythme fonctionne, qu’on aie envie de lire la suite, que la progression soit naturelle. J’ai continué à retoucher mon découpage jusqu’à la fin, quitte à refaire des pages entières.
Après, je me repenche sur l’aspect graphique.
Je collecte plein d’images, d’inspirations visuelles…
Je voulais un trait très simple, très ligne claire. Faire du Tintin. Pour la couleur, par contre, j’ai plus cherché. Pendant quelques temps, même si il n’y avait plus de textures, j’utilisais encore des dégradés.
Et puis, j’ai pris confiance en moi, et j’ai enlevé cette dernière béquille. J’ai décidé de n’utiliser que des aplats, sur un seul calque. Pas de mode produit, je choisi moi-même la couleur de mes ombres, ce qui me permet bien plus de finesse dans mes ambiances.
La mise en couleur a été mon étape préférée, je pense mes images en couleur dès le crayonné, et je suis frustrée jusqu’au moment où je colorise. Dans Heidi, les couleurs ont beaucoup d’importance, pour accentuer cette idée de temps qui passe, mais aussi pour rythmer le livre.
Concrètement, les étapes d’une planche :
1 : ça, c’est le découpage. Des patates qui parlent.
2 : Le crayonné, je construit mes personnages, mes décors
3 : J’encre. Là, Vincent avait du me faire remarquer que mes personnages étaient à l’envers par rapport au sens de lecture.
4 : Je pose des aplats..
5 : Que je retouche en ajoutant des ombres ! Et voilà !
Quelques step by step épileptiques :
La couverture
Il faut aussi réfléchir à la couverture, bien sûr ! C’est mon premier livre, personne ne connait mon travail, alors je ne dois surtout pas me rater ! Je dois faire quelque chose de qualitatif, qu’on ait envie de posséder. Je sais dès le départ qu’il y aura du doré, et un petit air vintage. Reste plus qu’à trouver l’idée !
Finalement, avec Yannick, on se met d’accord pour une version avec juste des mains sur un fond fleuri. C’était un peu risqué, de ne pas avoir de figure humaine, mais on prend le pari de se dire que ça sera quand même assez intriguant pour que les gens ouvrent mon livre… Pour contrebalancer, je décide d’écrire un résumé pour la quatrième de couv, et d’y faire figurer mes protagonistes.
Dernier contretemps, le titre original, Heidi Grandit, ne convient plus, pour cause de droits (en gros). On cherche, on cherche, et on finit par se mettre d’accord sur Heidi au printemps.
Heidi au printemps est disponible partout partout, même si c’est toujours mieux en librairie ! Il coûte quelque chose comme 18€, mais il fera vraiment très joli sur votre étagère ! (Mais bon, je ne vous en voudrais pas si vous le lisez juste en douce à la fnac).